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La Meuse à Vélo – Le soleil se lève au Nord-Est

Un point sur cet itinéraire émergeant qui reliera à terme la France aux Pays-Bas en passant par la Belgique, avec les témoignages de Dominique Guérin, élu du conseil général des Ardennes, et Pierre Labadie du CRT Champagne-Ardenne.

La première déclaration d’intention relative à la véloroute de la Meuse date du 11 juin 2012 à Venlo, une commune de 35 000 habitants située à l’extrémité sud-est des Pays-Bas. Il s’agissait d’un engagement de principe entre acteurs néer-landais, belges et français, au niveau des provinces comme des communes. L’objet de cet accord ? Un projet d’itinéraire cyclable international longeant princi-palement les 950 km de la Meuse depuis sa source française jusqu’à son embouchure néer-landaise. Ce projet a vocation à traverser des villes emblématiques allant de Verdun à Rotterdam en passant par Sedan, Charleville-Mézières, Namur, Liège ou Maastricht. Dans la foulée de cette déclaration, une étude de faisabilité a été portée et financée par la commune de Venlo. L’objectif de cette étude était de sonder les partenaires potentiels quant à la faisabilité du projet. Sur quels éléments existants s’appuyer ? Quel est le niveau de réalisation ? Si le bilan de cette étude s’avéra encourageant pour la mise sur les rails de la véloroute, il révéla aussi les limites rencontrées par la commune de Venlo quant à sa capacité à porter le projet. Celui-ci passa alors de l’échelon communal à l’échelon provincial, puisque c’est la province de Limbourg qui a repris le guidon officieux de pilote et s’est attelée sans plus attendre au projet de convention de partenariat.

Tracé. En cumulé et en attendant le premier comité d’itinéraire international du 29 janvier 2015, le tracé de La Meuse à Vélo représente un linéaire d’un millier de kilomètres. S’agissant des portions
néerlandaise et belge, le LF3 Maasroute et le LF12 Maas- en Vestingroute existent déjà. Le premier relie sur 240 km Maastricht à Arnhem, le second relie sur 235 km Nimègue à Maassluis, le long de la Meuse et des fortifications. Les deux itinéraires se croisent à hauteur de Nimègue. Quid de la partie française ? C’est là que l’essentiel du travail reste aujourd’hui à accomplir. « Des arbitrages sont notamment attendus en Meuse et avec la communauté de communes de Neufchâteau dans les Vosges », indique Pierre Labadie du CRT Champagne-Ardenne. En tout, l’itinéraire – appelé aussi V54 pour sa partie hexagonale – concerne potentiellement deux Régions – la Lorraine et la Champagne-Ardenne – et cinq départements : les Vosges, la Haute-Marne, la Meuse, la Meurthe-et-Moselle et les Ardennes. Fin 2014, sur « les quelque 400 km prévus à partir de la jonction avec le canal de la Marne au Rhin, 120 étaient déjà aménagés, 50 sont arrêtés et 200 sont en cours de validation », complète le technicien.

Patrimoine. Un dénominateur commun entre les différentes collectivités partenaires ? L’essentiel de l’itinéraire empruntera soit des sites propres – d’anciens chemins de halage notamment –, soit des routes partagées à faible trafic. « Qui plus est, poursuit Pierre Labadie, le patrimoine local est diffusé tout au long du parcours, du village natal des frères Goncourt en Haute-Marne à Domrémy-la-Pucelle dans les Vosges, en passant par Verdun dans les Ardennes et les secteurs 
de perte puis de résurgence de la Meuse. » Ce potentiel touristique est à ranger au rang des atouts concrets du projet, au même titre que la taille moyenne des agglomérations traversées et l’absence de contraintes de type Natura 2000.

Échanges. Comment se déroulent les échanges avec les voisins belge et néerlandais ? « C’est clairement chronophage en termes de déplacements et en e-mails, mais nous avons l’avantage d’avoir des partenaires qui nous laissent travailler sans nous mettre la pression. Notre intérêt commun est d’aboutir vite. L’important pour eux est avant tout de savoir par où l’itinéraire se prolongera côté français. » L’enjeu derrière se situera, en effet, au niveau de la communication.
Un aspect prépondérant du projet qui n’ira pas sans son lot de quiproquos et d’ajustements, tant de part et d’autre de chaque frontière les habitudes de travail sont différentes et les délais de réactivité et de validation variables. « Là où nous parlons de comités d’itinéraire, eux parlent de consortium. Il faut le savoir au départ ! », sourit Pierre Labadie.

Ardennes. S’il est encore prématuré de chiffrer avec précision l’enveloppe globale allouée au projet, voire d’avoir une vision tronçon par tronçon du parcours, le conseil général des Ardennes a, quant à lui, livré un aperçu de la portion qui le concerne. « Les 57 km de la voie verte Trans- Ardennes reliant Montcy-Notre-Dame à Mouzon s’inscrivent dans ce parcours », déclare Dominique Guérin, maire de la com-mune de Pauvres et président de la com-mission des Affaires économiques, du Tourisme et de l’Agriculture au conseil général des Ardennes. « L’ensemble représente un budget qui s’élève précisément à 6 656 233 euros dont 59 % sont à la charge du Département. Une première phase de travaux a été achevée fin 2014 puisque c’était la condition requise pour pouvoir bénéficier du soutien du FEDER. Nous sommes à présent en discussion avec la Belgique pour trouver le meilleur raccordement possible afin de parvenir à un itinéraire sans interruption. » La jonction devrait s’opérer d’ici à 2016.

Propos recueillis par Anthony Diao

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