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Vers une stratégie européenne pour le vélo ?

Que peut-on attendre des institutions européennes pour favoriser l’usage du vélo suite à la Déclaration de Luxembourg des ministres des transports européens d’octobre 2015 ? Pour favoriser la mise en marche d’une stratégie européenne pour le vélo d’ici un an, l’ECF a réuni les différentes parties prenantes le 22 juin à Bruxelles. Le contexte y est favorable, la réussite dépendra néanmoins des priorités choisies et du soutien de la société civile, des acteurs économiques, et des collectivités locales.

Le vélo, un vrai sujet pour l’Union Européenne

Le vélo est considéré depuis de nombreuses années par l’UE comme un maillon pertinent de la chaine des déplacements durables, même s’il reste perçu comme un outil récréatif pour certains hauts responsables. La prise en compte s’accélère néanmoins : la Déclaration de Luxembourg, au mois d’octobre 2015 a marqué un tournant. Ont suivi la nomination d’un référent vélo au sein de la Commission européenne (DG MOVE), la création d’une page web dédiée et la saisine d’Eurostat pour de meilleures données vélo. Le premier challenge vélo de la DG Move a mobilisé de nombreux agents, dont tous les directeurs. En parallèle de l’action de la Commission européenne, le Parlement a commandité une recherche sur « une approche coordonnée pour le vélo pour les autorités locales et régionales de l’Union ». Par ailleurs, le Comité des Régions (CdR), organe consultatif représentant les collectivités locales, a également émis un avis  sur « une feuille de route européenne pour les déplacements à vélo». La Commission européenne pour la sécurité des transports (ETSC) publiera également très bientôt un chapitre dédié au vélo. Ces initiatives vont dans le bon sens, d’autant que l’industrie européenne du vélo est florissante : 27 000 emplois, un marché en constante progression et une tendance à la relocalisation (source : CONEBI).

Une volonté politique à exploiter

Il y a également une véritable volonté politique : la présidence de l’UE par les Pays-Bas (jusqu’au 30 juin) a mis le sujet à l’agenda. La Commissaire européenne aux Transports, Violetta Bulc, a maintes fois démontré son intérêt pour la solution vélo. Elle considère aujourd’hui que le principe de subsidiarité ne doit pas paralyser une action volontariste de l’UE. 3 parlementaires européens étaient présents le 22 juin dernier : l’allemand Micheal Cramer, cyclophile Président de la commission Transports et Tourisme du Parlement européen, le hongrois István Ujhelyi, Vice-Président de cette même commission ainsi que l’Eurodéputée britannique Lucy Anderson. Le CdR, porte parole des élus locaux, exprime de nombreuses attentes envers l’UE pour favoriser la mobilité durable dans un contexte où émissions de CO² liées aux transports continuent d’augmenter.

« Je pense qu’il y a un vrai tournant, chez les représentants politiques également, et c’est une vraie opportunité pour nous » résume M. Cramer.

Les conditions pour qu’une véritable stratégie soit adoptée

Les différents acteurs intéressés par une telle stratégie européenne pour le vélo doivent travailler ensemble à définir des priorités thématiques « suffisamment importantes », en cohérence avec les compétences européennes et le principe de subsidiarité. Suffisamment importantes ? C’est-à-dire des mesures lisibles et claires, qui impliquent une véritable action de la part de la Commission. Il y a de très nombreuses pistes pour favoriser le développement du vélo : tourisme bien sûr, sécurité routière, santé, industrie, fiscalité, infrastructures, transports publics, aménagement du territoire, éducation, données statistiques… L’UE peut agir à de nombreux niveaux.

« Il faudra néanmoins choisir avec soin les sujets à mettre sur la table. En tant que représentants politiques, nous allons nous assurer de la pertinence stratégique de certaines demandes » a rappelé M. Ujhelyi.

Autre condition pour qu’une stratégie soit adoptée par la Commission : un soutien le plus large possible aux mesures proposées. Cela pourrait passer par des alliances avec différents acteurs de la mobilité (comme l’industrie automobile par exemple), mais surtout, les collectivités et les élus doivent participer au processus pour crédibiliser les mesures demandées. Les réseaux politiques et le soutien de certains ministres peuvent grandement faciliter le travail et garantir la réussite de l’élaboration d’une stratégie ambitieuse pour favoriser le vélo au niveau européen.

Joseph D’halluin

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