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Tourisme fluvial et tourisme à vélo : destins croisés

Les 1ères Rencontres nationales du tourisme fluvial organisées par VNF les 2 et 3 février cherchaient à rapprocher les collectivités territoriales et les acteurs du tourisme fluvial. Pari tenu semble-t-il puisque 400 participants de 15 pays (aménageurs, gestionnaires des voies d’eaux, croisiéristes, armateurs, loueurs, bateliers et plaisanciers, …) ont participé aux 4 tables rondes thématiques et 2500 rendez-vous d’affaire de la manifestation. L’occasion pour les DRC de mieux s’imprégner de cet univers et de constater que les enjeux du tourisme fluvial sont à s’y méprendre semblables à ceux du tourisme à vélo. L’occasion également d’esquisser quelques synergies entre les deux filières, fleurons d’avenir du tourisme français.

Quelques chiffres – Depuis près de 15 ans, les 8500 km de réseau navigable français connaissent un essor important du tourisme fluvial. Ce dernier se décompose en plusieurs catégories : les péniches-hôtels, la location de bateaux habitables et de bateaux de plaisance privés, les bateaux-promenade à la journée et les bateaux croisières. L’ensemble représente un poids économique estimé à 505 millions d’euros annuels selon les chiffres 2013. Le bateau croisière se développe particulièrement et représente le poids-lourd de la filière. Avec 125 grands paquebots sillonnant la France, les retombées directes et indirectes sont estimées à 265 millions d’euros annuels pour cette seule catégorie. Preuve que le développement de ce tourisme est en plein essor, une quinzaine de paquebots de croisière fluvial a été mise en service sur la Seine, le Rhône, la Gironde et la Loire entre 2014 et 2015 d’après le Président du Comité des armateurs fluviaux, Didier Léandri.

Les forces – « Il est dans l’air du temps, en phase avec le slowtourisme, le tourisme vert. Il est sûr et va à contre-courant du tourisme de masse. Il offre une réponse aux clients friands du « do it yourself », est convivial et intergénérationnel et met l’expérientiel au centre », énumère Alfred Carignant de la Fédération des industries nautiques (FIN) à propos du tourisme fluvial. « La France bénéficie d’une attractivité établie, de nombreux sites remarquables, d’un réseau important, d’une bonne notoriété ». Autant de qualificatifs du tourisme fluvial également valables pour le tourisme à vélo. Aujourd’hui, les professionnels soulignent le caractère transgénérationnel du tourisme fluvial. « Certains bateaux sont accessibles aux PMR en fauteuil ou en difficulté respiratoire. Cela permet d’accueillir plusieurs générations d’une même famille à bord ». La filière, aux touristes-type plutôt âgés et aisés, connait un rajeunissement de sa clientèle et se démocratise. A l’instar du tourisme à vélo qui, progressivement, perd son statut de « tourisme sportif » au profit d’un tourisme pour tous de 7 à 77 ans.

Les faiblesses – Composé à 70% de clientèle étrangère, le tourisme fluvial en France a d’énorme progrès à faire pour conquérir le marché domestique. Pourquoi ce retard ? « En France, il y a une méconnaissance totale du fait qu’il ne faille pas de permis bateau pour naviguer. Les français ne se projettent donc pas. Indique Alfred Carignant. Il y a par ailleurs une absence de promotion d’ensemble des destinations et régions navigables. Elles assurent leur promotion elles-mêmes ». Si Atout France porte, en lien avec ses Régions partenaires, la promotion de certaines destinations fluvestres, la valorisation par le groupement d’intérêt économique est strictement orientée sur les 70 marchés étrangers… et pas en France. La filière tourisme fluvial pâtit d’une absence de promotion globale au niveau de la destination France dans son ensemble. Le constat était exactement le même pour le tourisme à vélo. Les partenaires français avec le soutien de l’État se sont donc dotés d’un outil ex nihilo, composé des privés, des itinéraires et des destinations, qui comble ce manque auprès du marché français : France Vélo Tourisme. Alors à quand un « France Fluviale Tourisme » ?

Quelques exemples d’initiatives portées par des territoires

« Le lancement l’année dernière d’un bateau à aube sur la Loire, fleuve à faible tirant d’eau, a été rendu possible grâce au partenariat avec les collectivités. Témoigne France de la Rochette, de CroisiEurope. Les croisières thématiques autour du vin, de la gastronomie, des châteaux, sont établies en partenariat avec les élus locaux. Nous sommes dans une relation gagnant-gagnant ».

La Bretagne, gestionnaire de son réseau de canaux qui n’est pas connecté au réseau national, travaille à revitaliser l’activité fluvestre au sens large puisque les canaux bretons sont le support de plusieurs itinérances : bateau, équestre, pédestre et … vélo bien sûr. Claire Chotard, animatrice de Canaux de Bretagne explique : « Notre objectif est de faire des canaux de Bretagne un lieu animé et vivant. Nous favorisons la collaboration et la concertation et travaillons avec les gestionnaires de canaux, en liens étroits avec le CRT Bretagne sur la promotion. » La Région veut offrir une deuxième vie aux maisons éclusières. 11 maisons ont pu être requalifiées en commerces, restaurants, hébergements, lieux de visites et d’animation du canal, 6 sont en cours de réhabilitation et un deuxième appel à projet s’est tenu en 2015 autour de projets de navigation.
Mylène Casado de Bourgogne Tourisme confirme le lien étroit entre les itinérances autour des canaux et en particulier avec le vélo. « Les 1000 km du Tour de Bourgogne à vélo sont majoritairement situés sur les chemins de halage. Nous favorisons ainsi toutes les itinérances douces sur nos canaux ». Le mariage avec la Franche-Comté change-t-il la donne ? « La réforme territoriale va nous permettre de renforcer la cohérence de l’offre. Grâce à la fusion, nous avons une opportunité de structuration de l’offre sur le vélo grâce à l’EuroVelo 6 qui nous est commune. »

La nécessaire qualification de l’offre – Le label « Escales d’une rive à l’autre » développé pour les sites d’étapes assure aux visiteurs des canaux de Bretagne un certain nombre de services à la nuit en itinérance ou en séjour. En Bourgogne « le bateau sert au vélo, mais l’inverse est un peu moins vrai, selon Mylène Casado. Nous travaillons à changer cela. L’offre fluvestre « Rivages de Bourgogne » a été compilée à cet effet. ». La qualification de l’offre au travers de labels qualité est donc nécessaire. Pourquoi ne pas se doter d’un label national pour l’accueil le long des voies d’eau, à l’instar d’Accueil Vélo le long des itinéraires cyclables ? Mieux, a quand une qualification des haltes fluviales adaptée à la fois aux fluviaux et aux fluvestres… et donc au vélo ?

Attractivité de la destination France, logique de bassin ou d’itinéraire, tourisme expérientiel, qualification des services et nécessaire structuration de l’offre nationale, développement d’un marché domestique, démocratisation de la pratique, … tourisme à vélo et tourisme fluvial ont décidément beaucoup en commun.

Camille Thomé

Plus d’informations sur les Rencontres nationales du tourisme fluvial 

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