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Les Boîtes à vélo – Leur part de progrès


Parti de Nantes il y a quelques années et lauréat des Talents du vélo 2014, le collectif Les Boîtes à vélo essaime peu à peu sur le territoire français. Retour sur la preuve que, parfois, un plus un égalent trois.

Au commencement il y a un carrefour et quelques coups de sonnettes provoquant sourires, pied à terre et discussions spontanées. Le carrefour est celui bâti par la loi 2005-882 du 2 août 2005 en faveur des petites et moyennes entreprises. Les coups de sonnettes sont ceux de quelques entrepreneurs à vélo nantais lorsqu’ils se croisent dans la rue. Nous sommes en 2012. Croquinelle”
(livraison de paniers bio), “Ze Plombier”, “À 4 Mains” (paysagiste) ou “La Bricolette” ont en commun de s’être appuyés sur les opportunités créées par le législateur pour faire du vélo non seulement un art de vivre mais aussi un art de travailler à part entière. Au sortir d’une assemblée générale de l’association Place au vélo, ces convergences informelles donnent naissance à un groupe Facebook. « Un contexte économique favorable à l’émergence de microentreprises, une municipalité désignée Capitale verte européenne en 2013 et la conscience de répondre à un besoin de service en centre-ville ont fait le reste », se remémore Céline Mousset-Eloumou Zoa, fondatrice de Croquinelle et seule membre de départ à avoir à l’époque le statut associatif. Le cercle s’élargit bientôt à dix membres, tient un stand au salon La Folie des plantes puis, lorsque
lui prend l’envie de participer à ses premiers concours, s’aperçoit qu’un groupe privé Facebook
« c’est bien joli, mais ce n’est pas un statut juridique ». Les Boîtes à vélo sont nées. L’association loue et partage un local avec les Triporteurs nantais sur la on-ne-peut-plus-centrale place du Commerce à Nantes et se fait très vite un nom. Elle décroche en 2014 le prix Talents du vélo, catégorie Entreprenariat, puis, en 2015, l’Eurostar Ashden Award, qui récompense chaque année les initiatives en faveur de l’environnement dans le secteur du transport. Une séquence riche pour le collectif puisque, outre la traditionnelle Fête du vélo, l’année 2015 est aussi marquée à Nantes par la tenue du congrès mondial Velo-city en juin et l’organisation de la Greenweek en octobre.

Patchwork. Désormais fortes de 23 entreprises représentant 38 salariés, Les Boîtes à vélo se financent essentiellement sur la base d’une cotisation trimestrielle et « étudient la question de la  recherche de subventions », dixit Céline. Elles rassemblent aujourd’hui un patchwork de professions allant du coursier au plombier, en passant par le paysagiste, la coiffeuse, la masseuse, le commerce alimentaire et même une librairie ambulante. Le 10 de chaque mois, le local de la place du Commerce ouvre ses portes à toutes les entreprises membres, ainsi qu’au public pour permettre un afterwork propice aux retours d’expériences et aux rencontres. Régulièrement, des portraits de chacun des adhérents sont rédigés et mis en ligne par Corentin Lemaitre afin d’accroître la visibilité de ce mouvement en mouvement.

Grenoble. Une charte structure l’ensemble et a déjà permis au modèle de s’exporter à Paris et à Grenoble avec, à chaque fois, les nuances et les spécificités du territoire  concerné, et au moins une réunion par an pour faire le point ensemble. Dans la métropole iséroise par exemple, Les Boîtes à vélo sont passées de sept membres fondateurs fin 2015 à 25 au printemps 2016 et se déclinent également en Amis des Boîtes à vélo. Le maître mot tient en un slogan : “Transformer son cadre de vi(ll)e”. Principal animateur de la structure et particulièrement attentif aux notions de viabilité, d’économie solidaire et de faire-ensemble, Jean-Philippe Moutarde fonctionne non par réunion collégiale mensuelle sur le modèle du grand frère nantais, mais par groupes de travail de cinq à six personnes sur des thématiques précises : « Grenoble est trois fois moins grande que Nantes et c’est l’une des villes les plus plates d’Europe. Pour nous, l’exemplarité est un levier [1]. C’est la raison pour laquelle, dans le fonctionnement de notre antenne, nous mettons davantage l’accent sur la gestion de la flotte mutualisée, l’accompagnement de structures lorsqu’elles veulent changer de pratiques et, surtout, la participation à des vide-greniers ou à des événements emblématiques comme Naturissima ou la Fête des Tuiles, qui mobilise 80 000 personnes chaque année. » Fort d’une réelle écoute du côté de la mairie, la jeune structure vise à terme à « pénétrer les chambres consulaires », voire à faire des clauses vélos quelque chose qui irait de soi dès lors que les mots “aménagement” et “territoire” sont juxtaposés… « Vu de Nantes, l’objectif des Boîtes à vélo est donc à la fois exogène et endogène, résume Céline Mousset-Eloumou Zoa. Exogène dans le sens où il a vocation à faire tâche d’huile et à susciter des vocations dans d’autres villes de France. Endogène dans le sens où, aujourd’hui, l’enjeu pour nous est de continuer à apporter notre part de progrès. »

[1] « Si mon plombier se déplace à vélo, pourquoi pas moi pour aller faire mes courses, chercher les enfants à l’école… » est l’un des arguments phares de la brochure de présentation des Boîtes à vélo Grenoble.

Pour en savoir plus : https://lesboitesavelo.wordpress.com
Facebook : Lesboitesavelo

Anthony Diao

Vélo & Territoires, la revue